Les huit types que je viens d' exposer ici , ne sont que des schémas. Ils nous permettent de comprendre quelles tendances sont déterminées par les grandes propriétés constitutives du caractère, c’est tout. Il serait erroné de vouloir faire entrer tout individu dans un seul des huit types et de faire coïncider avec le modèle donné.
D'autres éléments entrent en effet en jeu, des propriétés secondaires, donc je vais écrire bientôt, ainsi que l'expérience vécue qui atténue ou remplace certaines des propriétés de base( on dit que les adolescents sont des nerveux, et qu' avec l'âge la secondarité augmente chez toute le monde).
Il me semble utile d’insister sur le fait que les descriptions proposées pour chaque type ne sont pas fermées et que chaque caractère doit être étudié non seulement dans ses raport a un groupe, mais aussi individuellement.
Ces huit type de caracteres humains ne sont donc de qu’un moyen d’approche du caractere qui doit etre completée par d’autre anaalyse et qui doit s’adapter à chaque individu en tenant compte de son sexe, de son milieu socio-professionel, de son origine ethnique, de la region dans la quel il vit, de son histoire personelle.
Les facteurs complémentaires
Émotivité, activité et retentissement représentent le squelette de tout caractère humain.
Ces trois facteurs ne suffisent pas à déterminer tout un caractère.
Largeur du champ de conscience, polarité, avidité, intérêts sensoriels, tendresse et passion intellectuelle sont les principaux des ces facteurs complémentaires.
Le deux premiers des facteurs complémentaires, à savoir la largeur du champ de conscience et la polarité, portent, comme la secondarité, sur l’allure générale du comportement, alors que les quatres autres ne sont que des facteurs d’orientation qui indiquent dans quel sens nous sommes le plus fortement sollicités par nos tendances.
Qu’est-ce que j’ai dans la tête
Peu de choses, mais des choses précises. Beaucoup de choses vague, floue…
Quel type d’idées ai-je dans la tête ? “ se demande chacun".
Chez certains, la pensée ne se porte jamais que sur un petit nombre d’idées à la fois. D’autres au contraire ne savent jamais très bien à quoi ils pensent.
Ce sont presque des “rêveurs". C’est chez eux un va-et-vient d’idées plus ou moins vague, si nombreuses qu’au moment où on leur demande à quoi ils pensent, ils ont du mal à répondre, ne sachant pas très bien comment dire tout ce qui leur passe par la tête.
Étroites et larges
Cette différence dans les attitudes est ce qu' on appelle la largeurs du champ de conscience. On appelle étroit celui dont la pensée est précise et groupée sur peu d’idées à la fois. On appelle large celui dont la pensée est vague et quelque peu vagabonde. Cette distinction n’implique évidemment aucun jugement de valeur.
Mais ce qui nous intéresse c’est l’attitude générale, Or, les individus appartiennent, de façon plus ou moins nette, à l’une ou à l’autre de ces catégories.
Ces deux formes d’esprit pourraient, grosso-modo, être comparées à l'intelligence analytique( les étroits) , et à l'intelligence intuitive ( les larges).
Il est assez facile de saisir cette différence entre largeur et étroitesse du champ de conscience, ne serait-ce qu’en observant autour de soi.
Ce phénomène, qui rend plus difficile la communication entre “large” et "étroit", se manifeste souvent dans des relations professeur-élève. Ainsi le professeur “ étroit" qui corrige la copie d’un élève “large” risque de la noter sévèrement, lui reprochant son bavardage, alors qu’un autre professeur “ large” aurait bien noté la copie. Inversement, un professeur “large “ pourrait reprocher à la dissertation d’un "étroit" d'être plus un plan qu’une dissertation.
Equilibre et déséquilibre
Appliquée à chacun des huit caractères, cette différenciation entre “large” et “étroit”, en doublant en quelque sorte le nombre de types, nous permet déjà une approche plus précise des réalités individuelles.
La profondeur du champ de connaissance aura pour conséquence, chez un nerveux par exemple, soit de renforcer sa tendance à la rêverie si celui- ci est un “ large”, soit au contraire de le rendre plus précis, plus près du concret, s’il est “étroit”.
On peut dire en fait que la largeur de champ de conscience renforce un déséquilibre ou rétablit un équilibre selon que l'étroitesse atténue les effets de l’inactivité et que la largeur pallie le manque d'émotivité, ou que inversement elles les renforcent.
L’avidité
Les facteurs de tendance fondamentales des individus qui, indépendantes des propriétés constitutives du caractère n’en sont pas moins, partie intégrantes du caractère humain.
La première de ces tendances, l’avidité, se confond presque avec la volonté de vivre. C’est, l’amour de sois ou l'amour propre des moralistes, mais dépouillée de toute signification éthique, (ou encore) c’est proprement la volonté de puissance. Par contre, le désir de posséder pour jouir ne relève pas directement de l’avidité. Un avide veut la possession parce que, par elle, manifeste sa force et l'assuré.
L’avidité des actifs vise à l'acquisition, l’avidité des secondaires à la conservation. L'avidité du colérique qui sent qu’il a tout à gagner à aller de l’avant s’oppose à l’avidité du sentimental faite de la crainte de perte qui mène à l’avarice.
L’avidité peut prendre plusieurs formes et les avides de tous genres se reprochent mutuellement leur avidité, les uns paraissent trop "intéresse" parce qu’ils ouvrent sans relâche pour gagner plus d’argent, les autres parce qu’ils mettent tout en œuvre pour conserver l’argent qu’ils possèdent. Ceux-là sont durs dans la lutte pour l’argent, ceux-ci après en sa possession.
Mais il y a aussi l’avidité du glouton, du collectionneur de records, toutes les avidités où l'acquisition est un but en soi. Le désir de savoir peut être une avidité sublimée chez certains. Elle se manifeste par une véritable boulimie intellectuelle. Emmagasiner dans son esprit le maximum de connaissances, non pas pour les utiliser, mais simplement pour les posséder.
Intelligence digestive
Posséder, acquérir, conserver, c’est cela l’avidité, à quelque niveau que l’on se place, celui des objets ou celui des connaissances abstraites.
Le langage courant à su d’ailleurs faire le lien entre l’action de manger ( l’avidité première, la plus simple, la plus claire) et l'avidité intellectuelle.
Ne dit-on pas “ dévorer" un livre, "assimiler" des connaissances, ou bien les "digérer" mal? On parle souvent de la “soif” de connaître, de la "nourriture de l’esprit”, etc.
Pour l’avide , vivre , c’est posséder.
Ni vice , ni qualité
L'avidité, celle dont on parle n’est ni une qualité morale ni un vice. C’est une tendance naturelle de l’individu qui s'intègre à l’ensemble de son caractère. Elle peut inspirer le désir de toujours se perfectionner, elle peut se manifester par le désir de collectionner des objets, elle peut être à l’origine de cette volonté de puissance qui vise à soumettre autrui à son empire.
Tous les êtres humains sont avides, mais ce sont justement les différentes intensités d'avidité et les différentes combinaisons entre avidité et autres facteurs qui constituent les traits particuliers des divers caractères. L’intensité de l’avidité differencierra deux sentimentaux, de même que l’avidité sera transformée selon qu’elle est avidité de sentimental, ou de flegmatique, de nerveux ou de colérique.
Les intérêts sensorielles
Toute sensation est un signe qui permet d’obtenir du monde extérieur les informations nécessaires pour vivre, pour agir.
La tendance transforme ce signe, qui est un moyen de connaissance, en un “fin”.
La sensualité consiste simplement à considérer comme un “fin” et non comme un moyen, l'objet présent à minute présent.
Le plaisir qui accompagne la satisfaction d’un besoin, les animaux éprouvent. Mais ce ne sont que quelques rares animaux supérieurs et surtout l’homme qui peuvent détacher le plaisir de son utilité biologique. L’homme peut dissocier, par exemple , le plaisir de manger de la nécessité de se nourrir. Le plaisir de manger devient une fin en soi, et toute une technique peut même être élaborée pour la satisfaction de ce plaisir. L'intérêt sensoriel consiste donc à éprouver une sensation pour elle-même et non à en tenir compte comme moyen.
Savoir est une chose, sentir en est une autre choses.
Et c’est aussi une tendance innée qui pousse les individus à cette sensualité, jouissance de la sensation, de façon plus ou moins forte.
Le rôle de la sensualité dans un caractère humain est très important: une sensualité trop forte entrave l'objectivité, une sensualité trop faible interdit tout sens artistique.
Ce n’est pas parce que pour une période, l'évolution a été interrompue à un moment donné de sa vie, que un homme mur fait penser à un adolescent, mais à cause de sa forte émotivité, de sa sensualité qui fait hésiter entre l’amour de soi et celui des autres. Cela signifie en fait qu’une tendance peut prendre une telle importance dans le caractère d’un individu, que celui-ci semble entièrement marqué par elle, et que souvent on identifie l’individu à la tendance. Ce phénomène est particulièrement sensible pour la tendresse.
Sexualité et tendresse
L’homme tendre recherche les femmes. Inversement, on peut observer que la plupart des hommes dépourvus de tendresse, sont peu sensibles à l'attrait de l’autre sex.
La tendresse est liée à la sexualité, mais il serait erroné de croire que mesurer la tendresse d’un individu permettait de mesurer sa sexualité( des cœurs sec, ont une vie sexuelle très active).La tendresse est bien distinguée de l'émotivité.
Ainsi un emotif n'était pas tendre, et un non emotif capable de beaucoup de tendresse.
Ce donc bien une tendance originale, indépendante de l’émotivité et susceptible d'être classée comme un facteur constitutif du caractère qui permet d’expliquer des comportements sinon incompréhensibles.
En fait, la tendresse, c’est l’intrusion de la sexualité dans le caractère et ses manifestations.
Chez un emotif non actif, la tendresse peut rendre l’individu encore plus vulnérable et le conduire par réaction défensive à des actes de grande cruauté ( pour se protéger, pour se justifier: c’est la méchanceté délibérée qui cache la “faiblesse”.
Ainsi faut tenir compte de la tendresse, on risque de classer comme émotif un homme qui ne l’est pas ou de négliger un aspect fondamental du caractère d’un non-émotif. Ce facteur de tendresse, bien que complémentaire, doit entrer en ligne de compte dans toute analyse de caractère.
La passion intellectuelle
La dernière de ces tendances, la passion intellectuelle, a elle aussi une existence propre, indépendante des trois propriétés constitutives du caractère.
Elle n’est pas cette soif de connaissance que fait naître l’avidité, elle est désir, besoin de comprendre.
Pour les philosophes, ce besoin de comprendre est l’un des “ propres de l’homme”.
Il est en tout cas propre à tous les hommes à un degré plus ou moins élevé.
La curiosité et la soif de comprendre se combinent ainsi avec les autres facteurs pour modifier les types caractérologiques. Elle pourra par exemple contrebalancer l’inactivité d’un caractère au point de le faire passer parfois pour un actif.
Tout comme les propriétés constitutives du caractère, les facteurs complémentaires sont présents dans chaque individu. Aucun personne n’est totalement dépourvue d’avidité ou de tendresse, c’est seulement l'intensité qui fait la différence entre individus.
En effet, la gamme est large entre l’activité la plus basse et l'activité la plus forte, qui est elle aussi facteur de différenciation.