Être ému, c’est être troublé.
Or, nul ne peut vivre un événement, quel qu’il soit ( une pensée, un acte, une perception) sans qu’il y ait en lui une répercussion, sans être ému.
On peut être troublé si intensément qu’on en gardera toujours le souvenir ou au contraire si faiblement qu'il n'en aura pas même conscience.
Comme sur la peau tendue d’un tam-tam, le moindre contact provoquera en chacun une résonance.
L’amplitude de cette résonance sera en fonction de la force du contact, certes , mais aussi de l’individu. Cette différence de résonance chez des personnes différentes tient à plusieurs causes:
1 ) Telle personne sera boulversée par une muzique qui laisse indiferent son voisin; telle autre, capable d’un grand courage face au danger, sera privée de tous ses moyens devant une jolie femme. La diversité des intérêts influe donc sur la diversité des émotions et ce qui est source de trouble pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre.
2 ) La seconde cause de cette différence d’intensité des émotions chez les individus réside dans l’émotivité. Tout événement provoque dans notre vie organique et psychologique un ébranlement plus ou moins fort. L’énergie que nous avons en réserve dans notre organisme se libère soudain au contact d’un fait, provoquant des réactions physiologiques et psychologiques. Chez les émotifs, ces réactions sont plus violentes ou plus durables. L’émotif est donc celui qui, pour le même effet, a besoin d’une faible excitation, alors qu’il faut une excitation forte pour le non-émotif.
L’émotion apparaît comme un désordre à la fois psychique et organique.

Trouver l’origine physiologique de l'émotion à longtemps été un problème.
Mais savoir que le centre physiologique de l’émotion se situe au niveau du système sympathique et que toute émotion est accompagnée de décharges d'adrénaline dans le sang, est pour nous d’une importance secondaire. L'effet apparaît, lui, de façon évidente.
On peut dire de l’émotion qu’elle est une vraie crise d’infirmité spasmodique. Le timide est complètement désorganisé, il bafouille; le peureux est paralysé; le menteur s'embrouille; l’anxieux devient totalement impuisant. Après une émotion violente, l’individu est épuisé. Il reprend son souffle et son rythme cardiaque redevient normal que peu à peu. On dirait quelqu'un qui vient de courir un 1500m…
L’émotif est si fatigué que certains se sont demandé si, au bout du compte, cette fatigue n’était pas antérieure à l’émotion. La crise émotive serait donc, autant qu’une cause, comme un tableau de bord, reflète sur l’organisme. L'apprenti conducteur qui ne trouve pas le réflexe approprié “perd les pedalle”. D'où ce texte est censé vous expliquer comment l’esprit humain /les émotions, nous rend malades.
Par une étrange contradiction, l'émotivité peut avoir un effet exactement opposée à celui que je viens de décrire. Véritable infirmité spasmodique, l’émotion peut paralyser, tout embroilr, oter au sujet tous ses moyens.
Mais aussi, elle peut parfois découpler les forces, donner à un individu des moyens qu’il n’aurait jamais eus dans son état normal: la peur peut décupler les forces, l’homme furieux peut riposter par une attaque avec une intensité et une précision de gestes étonnantes.
Comment expliquer ce phénomène? L'émotivité source de trouble, recouvre une sensibilité exceptionnelle aux pulsions, en ce sens elle est une aptitude à l’élan, une sorte de générosité organique qui, face à une situation donnée, permet à un individu de libérer toute son énergie, de donner à ses sens une acuité maximum.
Primitive, désordonnée, ou bien faisant d'un petit homme effacée une sorte de surhomme redoutablement efficace, l’émotivité est difficile à expliquer au niveau biologique.Il est possible cependant de comprendre comment et pourquoi ses effets sont si différents d’un individu à l’autre.